Ces cinq dernières années, le monde du travail s’est vu confronté à de nombreux bouleversements majeurs. L’usage systématique des smartphones et ordinateurs a totalement chamboulé les habitudes des professionnels pour les rendre plus mobiles, plus disponibles et plus productifs. Les aspirations des nouvelles générations ont également amené les entreprises à repenser leurs espaces en profondeur pour les rendre plus attractifs et mieux optimisés. Pourtant ces transformations sont parfois aussi sources de troubles et de maladies si elles sont mal appréhendées. Voici, donc, un décryptage global de ces nouvelles tendances, leurs avantages et leurs limites ainsi qu’une transposition partielle de cette étude en milieu dentaire.
Espaces ouverts versus espaces fermés
Même si la tendance actuelle est à l’ouverture, il semblerait que les espaces clos soient eux aussi plébiscités. Éclairage sur la bonne démarche à adopter…
Le bureau fermé est-il obsolète ?
On aurait pu le penser, pourtant, le bureau classique garde son attractivité. Selon la dernière édition du Baromètre Actineo, 59% des actifs interrogés trouvent que l’espace de travail idéal est un bureau individuel fermé. Cette préférence provient du fait que ce type d’espace privilégie la concentration et la confidentialité. Pourtant, si ces individus souhaitent travailler dans un lieu clos, ils attendent également que l’entreprise leur propose des espaces plus ouverts pour faire une pause ou se restaurer.
Au sein d’un cabinet dentaire, la question se pose surtout autour de l’accueil. Souvent confrontés au bruit qui les entoure, les réceptionnistes ou assistant(e)s peuvent faire l’objet d’un turn-over élevé ou de burn-out répétés. Il serait alors peut-être judicieux de concevoir cet espace comme un bureau individuel au calme plutôt qu’une zone ouverte composée d’une banque d’accueil. Pour éviter de créer une distance avec les patients, cet accueil pourrait être vitré. Son occupant bénéficierait alors d’une plus grande intimité pour les données privées échangées et de plus de sérénité pour travailler.
L’open-space se réinvente
38% des interrogés de l’enquête Actineo ont répondu être favorables à un bureau collectif de petit taille et 31% à un espace collectif ouvert si celui possède des bulles de confidentialité et des salles de réunion à proximité en libre accès.
Lorsque les postes occupés impliquent une utilisation peu fréquente du téléphone et plus de collaboration, l’open-space est tout à fait envisageable. Pourtant, les employeurs ne sont plus tout à fait unanimes sur le sujet. Aujourd’hui, la bonne formule serait de restreindre la capacité des open-spaces à 8 personnes maximum pour éviter une nuisance sonore permanente. Le bon dosage serait donc d’offrir à côté à ses occupants des espaces plus confidentiels en libre accès pour qu’ils puissent téléphoner, se concentrer ou échanger temporairement.
La nouvelle tendance du “Flex Office”
Si vous n’avez encore jamais entendu parlé du “Flex Office”, il s’agit d’une méthode d’agencement pour offrir aux occupants un large choix d’espaces de travail. Cela concerne donc les espaces collaboratifs (réunions, échanges, formations, restauration) et les espaces de détente (concentration, silence, repos). Ces postes sont donc en libre accès et ne sont pas attribués à une personne définie. De plus en plus fréquent dans les entreprises, le Flex Office permet aux salariés de travailler dans différentes conditions notamment au sein d’un salon confortable, d’une pièce “zen” voire même dans un espace conçu comme une bibliothèque.
Le Flex Office peut tout à fait s’adapter au milieu dentaire si l’espace le permet. Il est indispensable de prévoir lors de votre installation ou rénovation, un espace spécifique qui permettra aux dentistes comme aux salariés de faire un break, d’échanger ou de se restaurer.
Il n’y a donc pas de formule parfaite, un espace de travail réussi sera un juste équilibre entre des zones réservées au calme et des zones propices à l’échange et au soin.
Le “Comme à la maison”
Avec l’essor du Flex Office et des Coworkings, les entreprises ont adopté peu à peu les codes de l’habitat pour créer de nouveaux espaces types cuisine, lounges, etc. Voici un tour d’horizon des méthodes dites “Comme à la maison”.
Vers un mobilier plus “cocooning”
L’apparition des espaces de convivialité au sein des bureaux a entraîné l’installation d’un nouveau type de mobilier tel que des canapés, fauteuils, poufs ou encore bibliothèques. Cette nouvelle tendance va de paire avec la notion de “bien-être” au travail. Aujourd’hui, les dirigeants n’hésitent plus à investir dans un aménagement plus “cocooning” pour créer des zones de confort pour leurs salariés et proposer aux nouvelles recrues des bureaux plus d’esthétiques. Pourtant si cette initiative paraît totalement inoffensive à première vue, il ne faut l’employer que dans une certaine mesure et conserver à côté un mobilier professionnel adapté à la posture et aux heures de travail.
Pour moderniser votre salle d’attente, vous pouvez donc la rendre plus confortable et personnalisée en adoptant les codes du “Comme à la maison”. Cela marquera les esprits et véhiculera une excellente image auprès des patients.
Vers de plus en plus d’espaces atypiques
Ces transformations donnent lieux à l’apparition d’espaces de plus en plus étonnants au sein des entreprises notamment des salles totalement épurées avec une lumière tamisée et des banquettes de repos réservées à la relaxation, des pièces dédiées aux jeux avec des babyfoots, billards, balançoires, grand filet suspendu ou toboggan, des “phone-box” qui se présentent sous forme de cabines téléphoniques pour permettre aux occupants des open-space de téléphoner en toute tranquillité, des bulles acoustiques vitrées pouvant accueillir 1 à 3 personnes pour échanger ou se concentrer, des comptoirs de bar naissent au coeur des locaux pour créer des zones de convivialité, des estrades s’installent dans les salles de réunion façon auditorium, des salles de sport et conciergeries sont également parfois présentes, des terrasses aménagées ou encore des jardins partagés apparaissent aussi sur les toits des sociétés.
Les entreprises évoluent donc et bousculent les codes en adoptant des espaces moins formels afin de privilégier le bien-être et les nouvelles attentes des salariés.
L’ergonomie au coeur du processus
Si les habitudes et le mobilier changent, l’ergonomie doit être au coeur de la réflexion pour favoriser une bonne qualité de vie au travail. En 2017, les TMS (troubles musculo-squelettiques) ont représenté plus de 87% des maladies professionnelles ayant entraîné un arrêt de travail ou une réparation financière en raison de séquelles, selon l’Assurance Maladie.
Privilégier une action en amont
Les TMS (troubles musculo-squelettiques), reconnus les plus fréquents, ont présenté 10 millions de jours d’arrêts de travail en 2018, selon l’Assurance Maladie. Il est impératif de prendre en considération les problématiques de position des bureaux, température, luminosité, bruit, revêtement, mobilier avant le démarrage d’un projet afin de créer des espaces qui correspondent à l’activité réelle. Cette action doit également se faire pour les salariés bénéficiants du télétravail.
Pour meubler les zones de travail/soin de votre cabinet, privilégiez donc un mobilier professionnel adapté et faites appel à un professionnel qui sera en mesure de vous orienter vers les bonnes pratiques pour réduire les maladies professionnelles.
Poursuivre une action terrain
De plus en plus d’entreprises suivent également des formations qui peuvent être réalisées en interne pour sensibiliser les salariés au travail sur écran, réveil musculaire, à des échauffements sportifs ou des ateliers bien-être autour de la nutrition, la cohérence cardiaque, etc. pour une meilleure hygiène de vie au bureau, au cabinet ou désormais chez soi.
Afin d’éviter des arrêts de travail à répétition, il est judicieux de prendre pleinement en considération la notion de qualité de vie au travail en adoptant un mobilier de travail ergonomique et un agencement des espaces qui convient à l’activité réelle des occupants.
L’apparition des “Tiers-lieux”
C’est probablement l’une des plus grandes transformations du monde du travail, l’apparition des “Tiers-lieux” est aujourd’hui incontestable.
La notion de nomadisme
On voit de plus en plus d’entreprises avec des bureaux vides inoccupés ou qui délaissent le bureau classique pour créer des espaces en libre accès. Ceci s’explique en partie par l’augmentation croissante du télétravail. Aujourd’hui, il concerne plus de 30% des entreprises (+50% en 2018). Conséquences, les salariés munis de leur smartphone et de leur ordinateur portable sont de plus en plus nombreux à travailler de chez eux un ou plusieurs jours par semaine. Leur lieu de vie prend alors la forme d’un tiers-lieu, un nouvel espace pour travailler.
Par ailleurs, selon la fréquence de leurs déplacements ou leur âge, certains d’entre-eux ne ressentent même plus le besoin d’avoir un bureau attitré et se plaisent à changer régulièrement d’espaces au grè de leurs envies, ces nouveaux espaces sont alors à leur tour désignés comme des tiers-lieux permettant aux salariés nomades de travailler dans de nouvelles conditions.
Le télétravail est une véritable révolution que certaines entreprises ont rapidement compris et que d’autres peine encore à suivre.
Les espaces de coworking
Mais le télétravail et les espaces informels n’ont pas le monopole dans le domaine des tiers-lieux, les favoris restent, malgré tout, les espaces de coworking qui ne cessent de séduire. En Île-de-France, selon une étude Knight Frank, la demande a explosé passant de 40.000 m2 en 2016 à 90.000 m2 en 2017 et a dépassé 100.000 m2 en 2018. Les entreprises ou salariés louent donc de plus en plus ces espaces qui sont financièrement, ergonomiquement et esthétiquement plus attractifs que des bureaux classiques.
Plus concrètement, pour un dentiste, ces espaces peuvent s’avérer intéressants pour organiser une réunion, un colloque, des formations ou autres événements si le cabinet ne le permet pas. Les coworkings proposent une large offre d’espaces ou formules pour vous permettre de bénéficier des dernières technologies et innovations professionnelles évoquées précédemment.
Le professionnel de demain sera donc plus mobile et moins attaché à un bureau qui lui est propre, une transformation qui implique pour l’employeur de mieux accepter les notions de “télétravail” et de “tiers-lieux”.
En créant des espaces dédiés au travail avec un mobilier ergonomique de qualité associés à des espaces moins formels qui adoptent des codes plus proches de ceux de l’habitat et en intégrant les tiers-lieux comme un avantage et non comme une contrainte, les employeurs seront en mesure de mieux appréhender les attentes des nouvelles générations de salariés et de faire face aux nouvelles mutations qui sont en train de révolutionner le monde du travail.